Skip to main content

L'origine phénoménologique de l' espace et de la spatialité

  • Chapter
  • First Online:
La phénoménologie génétique de Marc Richir

Part of the book series: Phaenomenologica ((PHAE,volume 214))

  • 374 Accesses

Abstract

Dans les premiers moments de sa phénoménologie, en subordonnant massivement la genèse de la spatialité à la temporalité, Husserl atteste, plus que nulle part, du prima qu'il accorde à la conscience. La façon dont cette spatialité déborde sa constitution par une extension hylétique primitive, la manière dont elle vient se loger au cœur même de la temporalité, voire, sous un certain angle, en fournir la clef concrète, atteste de l'irréductibilité métaphysique de l'espace. En lui, réside la plus grande sauvagerie du phénomène, en même temps que ce qui le déborde.

This is a preview of subscription content, log in via an institution to check access.

Access this chapter

Chapter
USD 29.95
Price excludes VAT (USA)
  • Available as PDF
  • Read on any device
  • Instant download
  • Own it forever
eBook
USD 39.99
Price excludes VAT (USA)
  • Available as EPUB and PDF
  • Read on any device
  • Instant download
  • Own it forever
Hardcover Book
USD 54.99
Price excludes VAT (USA)
  • Durable hardcover edition
  • Dispatched in 3 to 5 business days
  • Free shipping worldwide - see info

Tax calculation will be finalised at checkout

Purchases are for personal use only

Institutional subscriptions

Notes

  1. 1.

    La question se pose aussi à propos du temps. Cf. E. Husserl, Leçons sur la conscience intime du temps, p. 9, op.cit. Si Husserl récuse « l'innéisme modéré » de Stumpf à ce niveau, il se montre en revanche moins catégorique du point de vue de l'espace . Husserl semble s'inscrire dans le fil des analyses de Stumpf, et de l'école de Brentano en général, et convenir qu'il y a en effet une « extension » propre des champs hylétiques à l'origine de la constitution de la spatialité , et qu'il n'y a en tout cas pas de symétrie entre le temps et l'espace de ce point de vue.

  2. 2.

    E. Husserl, Chose et espace , Paris, Presses Universitaires de France, 1989, p. 196.

  3. 3.

    Suivant une présentation claire donnée par Jean-François Lavigne , « Espace ou pensée, l'origine transcendantale de la spatialité », Epockhe n°4/1993.

  4. 4.

    E. Husserl, Chose et espace, op.cit., § 21, p. 69.

  5. 5.

    Sans kinesthèses, disait Husserl à Cairns , le flux hylétique montrerait ses propres changements qualitatifs, mais n'aurait aucune possibilité d'être saisi en tant qu'esquisse d'un objet identique, Conversations avec Husserl et Fink , op.cit., p. 79, trad. 171.

  6. 6.

    Jean-François Lavigne , « Espace ou pensée, l'origine transcendantale de la spatialité », op. cit., p. 125.

  7. 7.

    J-F. Lavigne, ibid., p. 125.

  8. 8.

    E. Husserl, Chose et espace , op.cit., chap. 9.

  9. 9.

    Jean-François Lavigne, « Espace ou pensée, l'origine transcendantale de la spatialité », op. cit., p. 127. Cf. Husserl , Chose et espace, op.cit., p. 297–298.

  10. 10.

    J-F. Lavigne, ibid., p. 128.

  11. 11.

    E. Husserl, Chose et espace , § 49. p. 207, op.cit.

  12. 12.

    J-L. Petit, « La constitution par le mouvement », in B. Pachoud, J. Petitot, J-M. Roy, F. Varela, Naturaliser la phénoménologie, Paris, Éditions du C.N.R.S, 2002, p. 191–192.

  13. 13.

    E. Husserl, Chose et espace, op.cit., § 54, p. 188.

  14. 14.

    J-L. Petit, « La constitution par le mouvement », op.cit., p. 201.

  15. 15.

    E. Husserl, Chose et espace, § 54, p. 187, § 80, p. 269, op.cit.

  16. 16.

    La première étape est la conjugaison du champ oculomoteur bidimensionnel avec « (…) le système des expansions et des éloignements et rotations sur soi, ce qui inclut aussi toutes les orientations », Chose et espace , p. 301, op.cit. Ce qui veut dire que les objets qui se donnent au sein du champ oculomoteur peuvent grandir, ou rapetisser, ou se donner à voir sous un autre angle selon que j'avance ou tourne la tête, mais aussi de par leur propre mouvement. De la sorte, le champ oculomoteur est « (…) transmué en un champ spatial tridimensionnel, en tant que liaison de la multiplicité linéaire unidimensionnelle de l'éloignement avec la multiplicité cyclique bidimensionnelle de la rotation. », Chose et espace, op.cit., p. 301.

  17. 17.

    Cf. D. Cairns, Conversations avec Husserl et Fink, op.cit., p. 71 (trad. 162–163).

  18. 18.

    Cf. D. Pradelle, L'archéologie du monde, op.cit., p. 255. D. Pradelle note la référence explicite dans Ding und Raum, Hua XVI, 312 (trad. fr, 363) : « Mais qu'est-ce qui fait la préférence accordée à un système de coordonnées ? »

  19. 19.

    Cf. aussi Merleau-Ponty : « Le corps n'est donc pas l'un quelconque des objets extérieurs, qui offrirait seulement cette particularité d'être toujours là. S'il est permanent, c'est une permanence absolue qui sert de fond à la permanence relative des objets à éclipse, des véritables objets. La présence et l'absence des objets extérieurs ne sont que des variations à l'intérieur d'un champ de présence primordial, d'un domaine perceptif sur lesquels mon corps a puissance. », Phénoménologie de la Perception, op.cit., p. 108.

  20. 20.

    Les Empfindnisse sont introduites par Husserl dans Idées 2 (§ 36–39) comme les « impressions localisées » (selon la traduction donnée par Eliane Escoubas), liées à certains sens (exemplairement, le toucher). Les Empfindnisse sont en lien direct avec ce qui s'esquisse en elles ; en ce sens, elles assignent déjà, d'une façon rudimentaire, une localité à ce qu'elles font paraître. Nous préférons cependant la suggestion de Levinas, qui propose de son côté de traduire Empfindnisse par « sentance » (En découvrant l'existence avec Husserl et Heidegger, Paris, Éditions Joseph Vrin, 2002, « Intentionnalité et sensation », p. 217) pour exprimer leur caractère diffus, en ce qu'elles « (…) effacent par leur indétermination même la structure sentir-senti, sujet-objet, que suggère encore le mot Empfindung. » (Ibid.). Nous reviendrons plus loin sur la question des Empfindnisse.

  21. 21.

    Le terme de Leibkörper désigne l'articulation de la dimension du Leib (corps vécu) et du Körper (corps physique) : le Leibkörper est ainsi le Körper saisi en tant qu'il est mien et que je l'habite, et tout aussi bien le Leib en tant qu'il est ancré dans un Körper.

  22. 22.

    Jacques English , Sur l' intentionnalité et ses modes, op.cit., « Que signifie l'idée d'une téléologie universelle ? ».

  23. 23.

    Nathalie Depraz , «Temporalité et affection dans les manuscrits tardifs sur la temporalité (1929–1935) de Husserl », Alter n°2/1994, p. 63–86). La résistance d'une dimension non-synthétique au sein du flux le spatialise en même temps qu'il le temporalise. Celle-ci porte précisément la « concrétude phénoménologique » qui fonde la possibilité de toute facticité. En ce sens, l'intentionnalité de pulsion, et le flux archi-hylétique qu'elle configure, condensent à la fois l'extension temporelle et déploient l'extériorité spatiale, cela, comme deux versants concomitants d'un même processus.

  24. 24.

    Ainsi, l'essence de la spatialité ne dépend pas de la constitution de l'ordre causal qui se surajoute à elle de façon infrastructurelle. La spatialité peut être appréhendée indépendamment des objets qui y prennent place ; l'objet spatial n'a en lui-même besoin d'avoir d'autre statut que celui du « fantôme » qui n'appartient encore à aucun monde cohérent, mais à un simple « tableau de monde ».

  25. 25.

    Selon les termes de Jocelyn Benoist , « Rompre avec l'idéalisme historique : respatialiser nos concepts », Historicité et spatialité : recherches sur le problème de l' espace dans la pensée contemporaine, Paris, Éditions Joseph Vrin, 2001 , J. Benoist et F. Merlini (éds), p. 101.

  26. 26.

    A ce sujet, Alexander Schnell , En deçà du sujet. Du temps dans la philosophie transcendantale allemande, Paris, 2010, Presses Universitaires de France, 2008, en particulier la conclusion.

  27. 27.

    Cf. M. Foucault, « Des espaces autres », Dits et écrits, Paris, Éditions Gallimard, 2001.

  28. 28.

    La métaphore géologique est reprise par Richir lui-même pour caractériser la démarche du phénoménologue, cf. « La refonte de la phénoménologie », Annales de phénoménologie n°7/2008.

  29. 29.

    Historicité et spatialité : recherches sur le problème de l' espace dans la pensée contemporaine, « spatialiser, historiciser ».

  30. 30.

    Cf. P. Kerszberg, « Les deux espaces du monde de l'expérience naturelle », Epocke n°4/1993, p. 70.

  31. 31.

    Renaud Barbaras , Epokhe n°4, L' espace lui-même, « Introduction », p. 7–8.

  32. 32.

    C'est là l'objet que s'assigne Didier Franck. Dans Heidegger et le problème de l'espace, Paris, Éditions de Minuit, 1986, il s'attache à décrire cette surexistence de la question de l'espace dans Être et Temps et le rôle, caché, mais crucial, qu'elle joue dans l'évolution de la pensée de Heidegger ; dans Nietzsche et l'ombre de Dieu, Paris, Presses Universitaires de France, 1998, et Dramatique des phénomènes, Paris, Presses Universitaires de France, 2001, il présente alors de façon plus personnelle, et selon deux perspectives différentes, les conséquences à tirer de l'examen de l'essence de l'espace et de son lien à la question de la chair et du corps.

  33. 33.

    Cf. Françoise Dastur, « Le temps chez le dernier Heidegger », Maxence Caron (éd), Heidegger, Paris, Éditions du Cerf, « Les Cahiers d'Histoire de la Philosophie », 2006, p. 287.

  34. 34.

    M. Heidegger, Question IV, Paris, Éditions Gallimard, trad. 1966 et 1976, p. 201.

  35. 35.

    M. Heidegger, Le principe de raison, trad. André Préau, Paris, Éditions Gallimard, 1962, p. 149–150.

  36. 36.

    R. Barbaras, Le Désir et la Distance, Paris, Éditions Joseph Vrin, 1999, p. 159.

  37. 37.

    Ainsi, écrit Roger Chambon dans son prodigieux ouvrage, Le monde comme perception et réalité, Paris, Presses Universitaires de France, 1974 : « Si la subjectivité est corps, la conclusion devrait s'imposer d'elle-même : mais alors, elle est étendue ! (…) Une analyse parallèle de « l'étendue subjective », si on ne reculait plus devant elle, ferait peut-être apparaître cette même unité interne du dehors et du dedans, mais avec une plus grande force et une autre portée ontico-ontologique, en même temps qu'elle transformerait en profondeur la signification des résultats obtenus à propos de la temporalité. », p. 320–321.

  38. 38.

    Cf. J-L. Nancy, « Cet instant où il fait place à la seule béance de l'espacement qu'il est lui-même. Le corps qui s'en va emporte son espacement, il s'emporte comme espacement, et en quelque sorte il se met à part, il se retranche en lui – mais en même temps, il laisse cet espacement derrière lui – comme on dit – c'est-à-dire à sa place, et cette place reste la sienne, absolument intacte et absolument abandonnée, à la fois. (…). Cet espacement, ce départ, c'est son intimité même, c'est l'extrémité de son retranchement (ou si l'on veut de sa distinction ou de sa singularité, voire de sa subjectivité). Le corps est soi dans le départ, en tant qu'il part – qu'il s'écarte ici même de l'ici. », Corpus, Paris, Métailler, 1992, p. 32.

  39. 39.

    M. Richir, « L'espace lui-même », op.cit., p. 160.

  40. 40.

    M. Richir, « L'espace lui-même », op.cit., p. 159.

  41. 41.

    L'intérêt de Richir pour les cosmologies influencées par la pensée de Nicolas de Cues, ainsi que pour le néo-platonisme ficinien, n'a jamais été démenti.

  42. 42.

    M. Merleau-Ponty, Le Visible et l'Invisible, op.cit., p. 181.

  43. 43.

    M. Merleau-Ponty, ibid., p. 181.

  44. 44.

    Cf. à ce sujet Alexander Schnell , Le sens se faisant, op.cit., p. 125. Pour plus de précisions sur les problématiques merleau-pontyenne et lacanienne du regard et de la vision, on pourra également se référer à l'ouvrage très détaillé de G-F Duportail, Les institutions du monde de la vie, Merleau-Ponty et Lacan, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 2006, en particulier « L'institution topologique du corps », et « L'être pour l'amour ».

  45. 45.

    Plutôt que, comme choisit de le faire André Préau, par évidence ou Fédier par visage, cf. F. Streicher, op.cit., p. 36.

  46. 46.

    M. Richir, ARC, op.cit., p. 49.

  47. 47.

    F. Streicher , op.cit., p. 38.

  48. 48.

    Il faut distinguer nettement, chez Richir la vision du regard. Le regard relève de la « phantasia perceptive » et est toujours regard d'un regard, rencontre d'une altérité. La vision de son côté est « perception » de quelque chose ; elle évolue dans un espace vide, non dans un espace habité.

  49. 49.

    Richir le répète dans ses derniers ouvrages : « Concrètement cette illocalisation signifie que le voir (et l'imaginer) s'oublient dans un vu (et un imaginé) qui les capte et les fixe, mais qui est a priori et pour lui-même n'importe où, sans donc que le vu (et l'imaginé) en soi ne situent ou ne se situent comme tels, autrement que relativement à soi », FPTE, op.cit., p. 283.

  50. 50.

    Ibid., p. 42. Cf. aussi Au-delà du renversement copernicien, op.cit., p. 2 : « (…) comment le voyant sait-il que cette vue unilatérale qu'il prend dans l'actualité vivante de son cogito est vue de cette chose ? ». Comment peut-il y avoir à la fois horizontalité et absoluité au sein d'un seul et même espace ?

  51. 51.

    Sans nous y attarder, on pourra souligner la parenté de cette conception avec l'analyse que Lacan propose de la vision, et de la façon dont celle-ci est habitée par la pulsion scopique. Ainsi, « (…) ce qu'il cherche à voir, (…) c'est l'objet en tant qu'absence. », écrit Lacan dans le Séminaire, XI, Les Quatre Concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1990, p. 161 (cité par B. Baas, De la chose à l'objet, op.cit., p. 75).

  52. 52.

    C'est la théorie leibnizienne de l'espace comme ordre des co-existants, en lequel la distinction spatiale et considérée comme distinction ontologique. Le principe des indiscernables en est l'expression : si la définition de deux objets est tout à fait identique, alors ces ceux objets sont identiques, la spatialité d'un objet se réduisant à l'ensemble des relations dans lesquelles il est pris.

  53. 53.

    M. Richir, Au-delà du renversement copernicien, op.cit., p. 11.

  54. 54.

    Expression en son être singulier même.

  55. 55.

    M. Richir, Au-delà du renversement copernicien, op.cit., p. 12.

  56. 56.

    M. Richir, FTPE, op.cit. p. 185.

  57. 57.

    M. Richir, ibid., p. 189.

  58. 58.

    M. Richir, ibid., p. 186. L'aspiration infinie est ce qui donne prégnance affective à cet écart à soi du schématisme , c'est-à-dire qui fait qu'il y a aspiration vers ce qui s'y forme, de sorte que la face d'ombre du schématisme est investie d'un poids.

  59. 59.

    M. Richir, FPTE, op.cit., p. 285. Richir continue : « Tel est le paradoxe, non tant de la monadologie transcendantale qui suppose l'idéal transcendantal ( Leibniz, Husserl ), que de la coexistence ou de l'interfacticité transcendantales, où les lieux (les ici absolus) ne sont pas « parties » d'un lieu englobant qui serait celui du monde , mais où chaque lieu, chaque ici absolu, est un monde – sans qu'il n'y ait de l'un à l'autre compossibilité puisque leur relation est toujours déjà plus « forte » que la possibilité, puisqu'elle est celle de la coexistence, où aucun lieu n'est exclusif de l'autre, tout du moins a priori (…) », FPTE, p. 285.

  60. 60.

    D'où l'on voit qu'à glisser des champs spatiaux concrets aux conditions de possibilités dernières de leur spatialité , Husserl est bien obligé de prendre en compte l'énigme métaphysique de ce qui fait la localité du lieu en tant que telle.

  61. 61.

    Epockhe, op.cit., p. 161

  62. 62.

    Platon, « Quelle propriété faut-il supposer qu'elle présente naturellement ? La propriété que voici essentiellement : de tout ce qui est soumis à la génération elle est le réceptacle, et, pour employer une image, la nourrice ». Timée 49 a, trad. Luc Brisson, p. 147. Et plus loin : « Par ailleurs, il y a une troisième espèce, un genre (…) qui est toujours, celui du « matériau » qui n'admet pas la destruction, qui fournit un emplacement à tout ce qui naît, une réalité qu'on ne peut saisir qu'au terme d'un raisonnement bâtard qui ne s'appuie pas sur la sensation ; c'est à peine si on peut y croire. Dès là que vers lui nous dirigeons notre attention, nous rêvons les yeux ouverts et nous déclarons, je suppose, qu'il faut bien que tout ce qui est se trouve en un lieu et occupe une place, et qu'il n'y a rien qui ne se trouve ou sur terre, ou quelque part dans le ciel », Timée 52 b, trad. Luc Brisson, Paris, Flammarion, 1999, p. 153.

  63. 63.

    « Traduite habituellement par « contrée », « aire » ou espace, chôra (…) est appelée « le réceptacle – pour ainsi dire, la nourrice – de tout devenir ». Chôra est l'ultime « dedans » (en hô) pour les êtres modifiables et changeants ; elle est leur « siège » (hedra) : « par nature elle est là comme matrice (ekmageion) pour toute chose » (50 c). Chôra a un caractère spatial de deux façons : d'abord, elle procure du « champ » c'est-à-dire un espace à occuper pour ce qui devient ; ensuite, elle est constitutivement homogène ou neutre : « ce qui doit recevoir en soi-même tous les attributs doit être lui-même libre de tout caractère propre » (50 e). », S. Casey E, « Espaces lisses et lieux bruts. L'histoire cachée du lieu », Revue de Métaphysique et de Morale 2001/4, n°32, p. 465–481.

  64. 64.

    Si la chôra est elle-même le fruit d'une genèse, il faudra redescendre plus loin en amont encore, au niveau de ce que Richir appelle « l'élément fondamental », qui est en quelque sorte le socle et le support indérivable sur lequel finit par buter toute réduction, même si, précisément, on en peut rien en dire (et surtout, on ne peut lui penser aucune propriété), mais on ne peut, à la limite absolue du concevable, qu'en penser la nécessité architectonique et l'articulation avec les strates qui en dérivent.

  65. 65.

    Cf. notre VI, C pour une explication de ce concept.

  66. 66.

    Aristote, Physique, 212 a, trad. Annick Steven, Préface de Lambros Couloubaritsis, Paris, Éditions Joseph Vrin, 2002.

  67. 67.

    M. Richir, FPTE, op.cit., p. 363.

  68. 68.

    Cf. chez Husserl les manuscrits D12, I, p. 28, cités par J-L Petit , « La constitution par le mouvement », Naturaliser la phénoménologie, p. 288. Cf. aussi le détail des descriptions de Husserl évoqué par Petit, p. 287–288. Husserl, tout autant que Richir , souligne l'importance de la succion du nouveau-né, de la pulsion de boire éveillée par l'odeur du sein maternel, de la satisfaction par le contact des lèvres au sein et du circuit que ces affects engendrent. Remarquons que les étapes que décrira Richir sont proches de celles que relève J-L Petit dans sa présentation de la théorie husserlienne, p. 287 : « A un premier niveau, simple alternance de l'intention vide du désir et de son remplissement dans le plaisir. Puis, ces phases alternées forment une chaîne fermée d'intentions-remplissements, qui peut à son tour être visée comme but d'une intention moins rivée à l'immédiat. De là, la satisfaction peut être encore retardée, de sorte que le désir, se métamorphosant en « préoccupation », s'étend à toute une vie d'homme, voire au-delà, comme ouverture indéfinie d'un projet, dont la pulsion instinctive apparaît comme précurseur ».

  69. 69.

    M. Richir, Phantasia, Imagination, Affectivité, Grenoble, Jérôme Millon, 2004, p. 272–273.

  70. 70.

    M. Richir, ibid., p. 273.

  71. 71.

    M. Richir, FPTE, op.cit., p. 281.

  72. 72.

    C'est le regard de la mère qui, selon Richir , identifie celle-ci à un « ici absolu » qui regarde l'autre « ici absolu » qu'est le nourrisson. Dans l' interfacticité transcendantale (selon Richir, l'intersubjectivité est la reprise intentionnelle de l'interfacticité, qui signifie qu'originairement, ce sont bien des affects et des sentiments qui s'échangent avec le regard, la voix, etc., et non une intropathie abstraite qui y opère déjà) quelque chose du regard s'échange en effet déjà.

  73. 73.

    M. Richir, ibid., p. 280.

  74. 74.

    M. Richir, ibid., p. 281.

  75. 75.

    Terme qu'Alexander Schnell forge à partir de l'« appariement (Paarung) » husserlien. Cf. Le sens se faisant, op.cit.

  76. 76.

    CF. M. Richir, « Autrui, c'est-à-dire le premier autrui, et qui est la mère, laquelle est humaine, c'est-à-dire ici absolu pour elle-même et pour son nourrisson, l'assignant lui, qui vient à y naître comme proprement humain, comme autre ici absolu « percevant » en phantasia, dans le jeu, l'ici absolu de la mère », FPTE, op.cit., p. 269.

  77. 77.

    A. Schell, Le sens se faisant, op.cit., p. 126.

  78. 78.

    E. Husserl, Idées II, op.cit., § 36–39.

  79. 79.

    M. Richir, FPTE, op.cit., p. 276.

  80. 80.

    M. Richir, FPTE, op.cit., p. 276.

  81. 81.

    De façon plus générale, Richir , à la suite de la psychanalyse, accorde une attention soutenue à ce qu'on peut décrire comme les « fissures » du corps, c'est-à-dire les lieux où la chair « entre en contact avec elle-même », où autrement dit elle « s'échange le toucher avec elle-même » et s'ouvre à l'énigme de sa propre singularité . Cf. Merleau-Ponty , dans le Visible et l'Invisible, op.cit., note du 16 novembre 1960, p. 317, « Réversibilité : le doigt de gant qui se retourne. Il n'est pas besoin d'un spectateur qui soit des deux côtés. Il suffit que d'un côté je voie l'envers du gant qui s'applique sur l'endroit, que je touche l'un par l'autre. (…) Le chiasme est cela : la réversibilité ». La bouche fait partie des fissures qui sont les « points d'origine quasi-transcendantaux » des pulsions (orale, anale, invocante, et scopique, etc.) ; en topologie lacanienne, ils sont le lieu où se transpose la réversibilité merleau-pontyenne, le lieu de la réversibilité fantasmatique des pulsions (voir/être vu, dévorer/être dévoré, etc.). D'où peut-être aussi l'investissement pulsionnel de ces « lieux du corps » ou le corps « touche à sa propre singularité », à ce qui en lui est sans fond, au noyau toujours insistant, mais jamais assignable, de son propre sentir.

  82. 82.

    Cette différence fondamentale de la vue et du « toucher » est aussi soulignée par Derrida dans Le toucher, Jean-Luc Nancy, op.cit., (p. 226 et suivantes). Derrida entend dans ce texte déconstruire la co-appartenance métaphysique de la vue et du toucher, et leur intrication. Richir ne fait pas autre chose.

  83. 83.

    Notons encore une fois qu'il faut nettement distinguer vision et regard , et, à travers eux, extériorité et altérité . La concrétion du regard s'accompagne d'un phénomène contraire : le ralentissement engendré par la chôra au sein du schématisme rend sa mobilité sensible dans la dissociation du voir et du regard.

  84. 84.

    M. Richir, « Là où la doxa joue son rôle de transposition, il doit aller de soi que les ici archaïques de la Leiblichkeit se transposent aussi en lieux spatiaux mutuellement externes, donc que l'on passe de l'interfacticité transcendantale à l'intersubjectivité transcendantale, des Leiber primordiaux aux Leibkörper . (…) L'espace comme « système » de lieux ou comme localisation externe doit donc être coextensif de l'institution du Leibkörper » FTPE, op.cit., p. 273.

  85. 85.

    M. Richir, FPTE, op.cit., p. 330.

  86. 86.

    M. Richir, ibid., p. 329.

  87. 87.

    Le fait primitif chez Maine de Biran est constitué par la dualité non temporelle et non spatiale de l'effort (du moi) et la résistance (résistance que Richir interpète comme étant celle du Leib dans le cadre de ses propres descriptions). Biran introduit le terme d'effort pour désigner le « distinct non séparé » qu'est le moi comme indéfinissable, comme cette forme indéterminée, mais tendue d'affectibilité intérieure qui est le point aveugle de notre singularité. Pour Biran, la genèse de l'espace ne se comprend qu'à partir du double mouvement de la poussée du moi qui rencontre le corps comme résistance, même si cette décomposition est formelle et qualifie un rythme qui est à la fois un et plusieurs.

  88. 88.

    A. Schnell, Le sens se faisant, op.cit., p. 129.

  89. 89.

    M. Richir, FPTE, op.cit., p. 360.

  90. 90.

    A. Schnell, Le sens se faisant, op.cit., p. 130.

  91. 91.

    Richir cite p. 363, la lettre au R.P. des Bosses, 21 juillet 1707 (in Die Philosophischen Schriften von Gottfried Wilhelm Leibniz, édition C.I. Gerhardt, Berlin, 1875 sq., réédition Hildesheim, Olms, 1960, vol. II, p. 335).

  92. 92.

    M. Richir, FPTE, op.cit., p. 360.

  93. 93.

    A. Schnell, Le sens se faisant, p. 230. Schnell ajoute : « Qu'est-ce que le réel ? Ce qui le caractérise, c'est, là encore, un non recouvrement : cette fois, pas celui entre le « soi » et le « soi » (« écart » qui est celui de l'expérience spécifiquement humaine, donc d'une non coïncidence irréductible), mais, contrainte phénoménologique oblige, entre ce qui se donne proprement et notre possibilité d'avoir accès à ce qui se donne ».

  94. 94.

    M. Richir, FPTE, op.cit., p. 404.

  95. 95.

    Ce faisant, Richir tente de donner un sens proprement phénoménologique à la thématique kantienne de l'espace comme grandeur infinie donnée. Cf. Michel Fichant, « L'espace est représenté comme une grandeur infinie donnée » : la radicalité de l'Esthétique », Philosophie n° 56.

  96. 96.

    M. Richir, FPL, op.cit., p. 67.

  97. 97.

    Nous dirons encore quelques mots sur cette intériorisation de l'extériorité comme question au champ phénoménologique dans notre partie suivante en évoquant le rôle que joue, dans la transposition, ce que Richir appelle l'expérience sublime.

References

  • Phantasia, imagination, affectivité, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 2004.

    Google Scholar 

  • Fragments phénoménologiques sur le temps et l'espace, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 2006.

    Google Scholar 

  • ARISTOTE , Physique, trad. Annick Steven, Préface de Lambros Couloubaritsis, Paris, Éditions Joseph Vrin, 2002.

    Google Scholar 

  • BENOIST , Jocelyn, MERLINI, Fabio (éds), Historicité et spatialité , Paris, Éditions Joseph Vrin, 2001.

    Google Scholar 

  • BENOIST , Jocelyn, GERARD , Vincent (éds) : Lectures de Husserl , Paris, Ellipses, 2010.

    Google Scholar 

  • DASTUR , Françoise, « Le temps chez le dernier Heidegger », Maxence Caron (éd), Heidegger, Paris, Éditions du Cerf, « Les Cahiers d'Histoire de la Philosophie », 2006

    Google Scholar 

  • FRANCK, Didier, Heidegger et le problème de l'espace, Paris, Éditions de Minuit, 1986.

    Google Scholar 

  • FRANCK, Didier, Nietzsche et l'ombre de Dieu, Paris, Presses Universitaires de France, 1998.

    Google Scholar 

  • FRANCK, Didier, Dramatique des phénomènes, Paris, Presses Universitaires de France, 2001.

    Google Scholar 

  • HEIDEGGER , Martin, Le principe de raison, trad. André Préau, Paris, Éditions Gallimard, 1962.

    Google Scholar 

  • HEIDEGGER , Martin, Questions III et IV, Paris, Éditions Gallimard, trad. 1966 et 1976.

    Google Scholar 

  • LEVINAS, Emmanuel, En découvrant l'existence avec Husserl et Heidegger, Paris, Éditions Joseph Vrin, 2002 (réed).

    Google Scholar 

  • MARION , Jean-Luc, Réduction et donation , Paris, Presses universitaires de France, 1989.

    Google Scholar 

  • NANCY, Jean-Luc, Corpus, Paris, Métailler, 1992.

    Google Scholar 

  • PETIT, Jean-Luc, « La constitution par le mouvement », in PACHOUD, Bernard, PETITOT, Jean, ROY, Jean-Michel, VARELA, Francisco (éds), Naturaliser la phénoménologie, Paris, Éditions du C.N.R.S, 2002.

    Google Scholar 

Download references

Author information

Authors and Affiliations

Authors

Rights and permissions

Reprints and permissions

Copyright information

© 2015 Springer International Publishing Switzerland

About this chapter

Cite this chapter

Forestier, F. (2015). L'origine phénoménologique de l' espace et de la spatialité. In: La phénoménologie génétique de Marc Richir. Phaenomenologica, vol 214. Springer, Cham. https://doi.org/10.1007/978-3-319-10026-5_7

Download citation

Publish with us

Policies and ethics